Attention, phrase clichée : je pense que la gratitude peut changer le monde.
Je traverse une période très tumultueuse : une transformation de mes projets de vie avec des décisions difficiles côté perso, des questionnements profonds en termes de justesse côté pro, l’exploration du déchirement lié à mon identité bi-culturelle. Bref, un bon petit package machine à laver essorage 1200 tours comme on les aime !
Malgré mes multiples pratiques, je dois vous avouer que l’une des méthodes préférées de mon système nerveux pour faire face à la difficulté est : bouffe, Netflix, dormir, scroller sur les réseaux sociaux. On fait tomber le mythe. Je sais.
Me rendre compte à quel point mes émotions peuvent me faire peur. A quel point je peux m’en méfier également. A quel point il y avait de la sécurité et du confort à me dissocier de mon corps et mettre les choses à distance par la sur-analyse mentale et un trait d’humour.
J’avais déjà conscience de ces processus intérieurs, ainsi qu’une bonne idée des besoins à ces moments-là pour en sortir et adopter des comportements plus vertueux. Mais certains jours, les “mauvaises herbes” prennent tellement de terrain que, parfois, je jette les gants de jardinage avant même d’essayer. Heureusement, ça va quand même bien mieux grâce aux thérapeutes qui m’accompagnent (merci notamment à toutes les pratiques somatiques et l’EMDR).
La santé mentale est un vrai sujet : si vous vous sentez en situation de détresse, demandez de l’aide à un professionnel.le et/ou les personnes de votre entourage en qui vous avez confiance.
Depuis quelques mois, je me plonge coeur, corps et âme dans ma façon de gérer la difficulté. Et j’ai trouvé une réponse complètement inattendue : la gratitude.
Ça peut paraître complètement superficiel : remplacer les “émotions denses” par de la “gratitude.” Mais, en fait, il ne s’agit pas de ça. Il ne s’agit pas de remplacer quoi que ce soit.
C’est là que le chocolat (enfin, le cacao), rentre en jeu …

Cela va faire trois ans que je travaille avec la médecine du cacao, soit la consommation rituelle du cacao qui nous permet de se connecter à notre coeur (et au vivant tout autour). J’ai re-découvert cette plante lors de ma formation de professeure de Qoya. Nous avons fait un rituel de gratitude avec le soutien du cacao pour explorer le pilier du coeur (le Qoya explore plusieurs “piliers” ou “danses” dont “la danse du coeur”).
A la suite de ce rituel, je suis tombée sur un livre à propos du Mexique dans la bibliothèque à côté de ma chambre. J’ai aussi eu d’autres synchronicités qui m’ont amenée jusqu’à me former en cacao cérémoniel Maya et voyager au Mexique pendant cinq semaines pour re-connecter à mes racines. Bref, une sacrée histoire !
Pendant mon voyage au Mexique, j’ai vécu deux premières semaines de rejet total. De l’imaginaire romantique que je m’étais formée de mon pays natal, je suis venue à voir ce qu’il y avait de plus laid : pollution, injustice, inégalités sociales, consumérisme, violences, accidents … J’avais qu’une envie, repartir en France. De fuir, loin, loin de cette réalité si difficile à regarder (et pourtant, nous savons qu’en France c’est pas jo-jo non plus).
Mais, après ces deux semaines et une décision de voyager seule, j’ai commencé à m’ouvrir à d’autres réalités. Les sourires, les rencontres incroyables, les couleurs, les célébrations, la chaleur, la solidarité, la créativité, la résilience, l’amour, le partage … A toute la beauté que recèle ce pays. Mon pays. Ma culture. Tout autant que la culture française l’est.
Aujourd’hui, en re-traversant une période de difficulté où je peux avoir une petite envie de fuir élever des chèvres dans le Larzac, ce voyage au Mexique me revient grandement en mémoire. Et notamment le ressenti si fort de gratitude d’être en vie. La chance de pouvoir faire ces rencontres, de ressentir cette joie, mais aussi cette indignation, tristesse, colère, incompréhension. De me rendre compte, véritablement et dans mon corps, à quel point c’est VIVANT. De célébrer la vie comme la mort comme les mexicains savent si bien le faire. Et le cacao revient, de plus en plus, dans mon quotidien, comme un enracinement matériel vers mes origines.
Si je suis honnête avec moi-même, je pense que j’ai beaucoup cherché (et cherche encore) la sensation de paix, de plénitude, voire d’extase par le passé. Vouloir revenir encore et encore à ces états que je vois partout sur les réseaux sociaux, partout dans les milieux dans lesquels j’évolue. Au point d’en oublier la vie qu’il existe ailleurs.
Aujourd’hui je vous écris le coeur brisé, et pourtant avec une si grande gratitude de pouvoir le ressentir. D’être en vie et de pouvoir expérimenter les contrastes dans mon corps.
Et cette gratitude me remet en lien. Me remet en lien avec la vie. Toute entière.
Cette gratitude me booste, me refait voir mes valeurs profondes vers plus de lien, de solidarité, m’aide à me contenter tout en me permettant de porter une vision plus grande, juste, belle.
C’est loin d’être parfait. Je suis épuisée un jour sur deux. Ma liste de messages non-lus s’agrandit. Je n’arrive pas à honorer tous mes engagements. J’ai encore des moments où je m’isole (parfois, c’est réellement nécessaire). J’y travaille. Mais wah, quelle chance de le vivre. Quel privilège aussi.
Peut-être qu’aujourd’hui je vous parle plus de comment la gratitude a changé ma vie. Mais je crois aussi qu’elle peut changer le monde. Mes processus intérieurs, la tendance à me couper du monde réel, à me comparer, à chercher l’expérience extatique que je vois sur les réseaux … Je sais que nous sommes plusieurs à le ressentir. Que je ne suis pas la seule à trouver que quelque chose ne fait pas de sens dans nos sociétés. Me sentir coupée de la vie qui m’entoure et des collectifs qui ne sauraient que faire d’une être humaine un peu dysfonctionnelle en termes de santé mentale.
Alors je porte cette prière : que nous puissions re-connecter avec la gratitude en tant que collectifs. Que cela nous remette dans des liens profonds. Que cela crée des communautés de soutien. Qu’elle fasse chanter nos coeurs ensemble pour oeuvrer pour ce monde que l’on sait possible.
La gratitude comme la voie du coeur. Un chemin pas toujours évident à emprunter parce qu’il faut du courage, de l’inconfort à dé-construire un bon certain nombre de croyances que nous avons internalisées (coucou le capitalisme et la culture du jamais assez, par exemple). Mais un chemin qui porte tout autant (voire plus !) de beauté, de vie et de lien.
Je me rends compte que mes propos peuvent paraître flous ou superficiels. Enfoncer peut-être des portes ouvertes. Répéter des choses que je vous ai déjà racontées par le passé ou alors être en décalage complet avec des sujets plus ouvertement engagés comme l’appropriation culturelle. C’est avec une certaine vulnérabilité que je vous écris cet article. Alors merci de m’avoir lue. Merci d’être là. Et je suis évidemment toujours ouverte à l’échange avec vous.
Avec douceur,
Layla
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