L’un des actes d’activisme sacré qui me suit depuis quelques années est celui du repos. L’activisme sacré étant cette intersection entre le soin de soi (santé physique, santé mentale, spiritualité) et la justice sociale et environnementale.
S’il me passionne autant, c’est parce que je le considère comme l’un des sujets les plus importants de notre époque en Occident, mais aussi parce qu’il me donne énormément de fil à retordre.
Cela me demande encore des efforts et du courage de m’accorder des espaces de rien-faire véritable. Je me surprends encore à éprouver de la culpabilité à choisir le repos par-dessus une activité « plus » productive. » Parfois je me retrouve à refuser de m’arrêter parce que ressentir devient trop inconfortable. Or, je reste convaincue que choisir cet arrêt, ce ralentissement ce repos, est l’un des actes les plus engagés que l’on peut faire dans notre société actuelle.
Dans un contexte de société qui célèbre a « grind culture », littéralement traduit par la « culture du broyage » (ou la superformance chez nos ami.e.s canadien.ne.s), le repos et le ralentissement sont des actes de résistance.
Si vous ne connaissez pas, la grind culture est l’un des éléments culturels du capitalisme qui met le travail au centre de tout ; célébrant productivité, horaires à rallonge et gains comme seuls marqueurs du succès. Au-delà du travail, la grind culture s’exprime dans le remplissage de son emploi de temps d’activités pour réussir à être la personne qui arrive à « tout » faire et est toujours occupé.e.
Si vous ne connaissez pas, la grind culture est l’un des éléments culturels du capitalisme qui met le travail au centre de tout ; célébrant productivité, horaires à rallonge et gains comme seuls marqueurs du succès. Au-delà du travail, la grind culture s’exprime dans le remplissage de son emploi de temps d’activités pour réussir à être la personne qui arrive à « tout » faire et est toujours occupé.e.
Le repos et le ralentissement sont alors résistance.* C’est un « stop » à l’exploitation, une reconnaissance des limites et du besoin de régénération ; une ode à la décroissance.
*L’expression “Rest is Resistance” (le repos est résistance) ne vient pas de moi;, mais de l’activiste Tricia Hersey, auteure d’un livre du même nom.
La décroissance de nos emplois de temps pour y accueillir plus d’espace à la connexion à soi, à l’autre, au vivant. La décroissance de la productivité pour se reconnecter à l’émerveillement de ce qui est là, à la gratitude, au jeu. La décroissance de l’exploitation de nos corps et de la nature pour un mode de vie où la régénération est au centre, où tout ne croît pas tout le temps, mais au contraire, se repose en hiver pour pouvoir pousser au printemps.
Enfin ralentir c’est ressentir d’avantage, et donc, se ré-approprier sa souveraineté à choisir à chaque instant—et donc peut-être, à se rendre compte que le calme, l’apaisement, le bonheur, la connexion … ce que l’on cherche … ne repose peut-être pas toujours dans la consommation ou dans le “plus.”
Et c’est normal que ce soit dur. C’est normal d’avoir internalisé cette culture et le capitalisme de façon globale—après tout, nous n’avons pas choisi d’y naître. C’est normal de ressentir de l’inconfort au repos et au ralentissement ; comme c’est normal aussi de trouver un certain plaisir ou une euphorie à l’emploi de temps rempli.
L’invitation est plutôt d’aller explorer les endroits où cela nous dessert, et où cela dessert le vivant. Les endroits où ça épuise, ça met dans un rythme où peut-être où l’impression dominante est de courir après quelque chose sans jamais l’atteindre. Aussi, les endroits où cela dessert le vivant, la terre, le climat–consommation de ressources naturelles, empreinte carbone et écologique de nos activités…
Il ne s’agit de se plonger dans une auto-flagellation de l’espace, mais plutôt de repérer les endroits où je peux commencer à inviter plus de ralentissement et de repos.
Avec toute ma compassion, ma douceur, et mes souhaits pour une culture de la régénération qui s’enracine dans nos vies et nos sociétés.
Quelques pistes pour intégrer d’avantage de lenteur & de repos dans votre vie :
- Créer des espaces dans l’emploi de temps pour du repos et jeu de façon intentionnelle (sieste, Yoga Nidra, …)
- Créer des plages horaires de « ne rien faire » et ressentir ce qu’il s’y passe (possible inconfort, notamment au début)
- Ralentir à certains moments dans les activités pour ressentir, accueillir, s’émerveiller … (une façon de s’en souvenir est de programme des alarmes ou rappels sur son téléphone, par exemple)
- Amener des discussions sur les besoins de repos et du respect des cycles (humains & ressources naturelles) dans les milieux dans lesquels vous évoluez
- Prendre du temps avec les possibles croyances internalisées autour du « fair » et de la « productivité. » Choisir éventuellement des nouveaux narratifs quand les existants desservent votre vie et/ou le vivant.
- Explorer l’activisme sacré avec Le Bûcher
- Intégrer des collectifs où le repos et la lenteur sont célébrées.
Si vous avez d’autres idées, n’hésitez pas à me les partager en commentaire !
D’ici là, doux ralentissement à vous,
Layla
Quelques personnes et collectifs qui m’ont inspirée dans cette vision du monde : Tricia Hersey, The Nap Ministry, Karen Brody, Claire Garin, Loan Cong